Ma vie est un conte:
La question magique
de la Reine des Grenouilles
il y a souvent 3 frères. L'ainé, l'intelligent, celui qui manoeuvre pour hériter du royaume de son père le roi. Il représente notre force mentale qui a toujours des intrigues en réserve pour arriver à ses fins. Il y a aussi le second frère, batailleur et pourfendeur, qui a ses muscles, son endurance et son esprit d'initiative pour supplanter son aîné et prétendre avec ça diriger lui-même le royaume. Il ne réfléchit pas, il fonce ! Il représente notre force d'action, qui n'a pas besoin d'avoir raison ni d'être juste dans la vie, mais de gagner en agissant !
Et puis il y a le 3ème frère.
Celui là, c'est le petit dernier, celui qu'on ne pense même pas à consulter et qui ne pense même pas à s'en formaliser. Il marche toujours seul, le nez en l'air, un sourire heureux flottant sur ses lèvres encore enfantines: littéralement, il bat la campagne ! D'ailleurs, si tout le monde l'appelle Le Simplet, c'est parce que ce qu'il fait, il le fait... tout simplement ! Quand il faut agir, il oublie qu'il a une tête ou des jambes, il pense avec son coeur. Il représente notre force d'amour.
Quand il faut décrocher la lune,
il n'enfourche pas son cheval: il ouvre ses mains nues et avoue son impuissance, avec des larmes d'amour dans les yeux. Il voudrait tellement ! De toute son âme! Mais il est comme vous et moi, si petit, si faible ! En réalité, il est assez conscient de son insignifiance pour ne pas imaginer réussir sur ses propres forces. Son intelligence ou ses muscles ne lui semblent pas grand chose. Il a donc l'humilité de demander de l'aide. Et à qui confie-il sa fortune ?
A la Chance, au Hasard, à la Providence...
qui sont les petits noms badins du TOUT POSSIBLE ! Je connais un roi (celui des Trois Plumes, de Grimm) qui avait trois fils et ne savait pas lequel choisir pour lui succéder: valait-il mieux l'intelligent, le fort, ou bien le jeune Simplet ? Pour les départager, il leur demanda de lui rapporter "le plus fin tapis" du monde, et pour indiquer à chacun une direction où chercher, le père lança en l'air 3 plumes blanches. Le plus malin des princes partit vers la droite, le plus costaud vers la gauche. Sa plume étant tombée à ses pieds, le Simplet resta sur place, tout seul, à contempler son destin en se demandant comment trouver "le plus fin tapis" pour son père.
Au bout d'un moment,
il remarqua entre les pavés, une mince rainure qui délimitait une dalle. Dessous, voilà qu'un escalier s'enfonçait dans le sol ! Il l'emprunta, descendit plusieurs volées de marches et arriva enfin devant une porte. Il frappa et une voix lui demanda qui il était. -Je suis le fils du roi ! Alors la porte s'ouvrit. La magestueuse Reine des Grenouille se tenait en personne devant lui et lui posa une question, une seule, mais une question...vraiment magique !
- Quel est ton désir ? lui dit-elle.
Quand il eu dit ce qu'il désirait, la Reine des Grenouille donna un ordre dans sa langue grenouillère et on aporta au Simplet "le plus fin tapis du monde", car c'est ici qu'il se trouvait.
Chaque fois que nous nous sentons démunis
face à un chagrin, un défi, un obstacle, les mille façons de devoir "rapporter le plus fin tapis", la tête agite ses neurones pour trouver des solutions intelligentes et bien rationnelles. Pendant ce temps, le corps piaffe d'impatience de tous ces attermoiements et ne demande qu'une chose: agir ! Faire quelque chose ! C'est alors qu'il faut interroger son coeur avec simplicité et sous la forme de cette question si anodine: "Quel est mon désir ?".
Dans une circonstance cruelle de ma vie,
tandis que des deuils me frappaient, la Providence à laquelle mon désarroi me confiait, pris la forme d'une amie conteuse (et fée, certainement !). Elle m'appelait chaque jour pour me poser la "question magique de la Reine des Grenouilles". Et chaque jour, au milieu de l'affolement, du chagrin, du découragement, des intentions qui tiraient dans un sens et des nécessités qui tiraient dans un autre, se tenait à mes pieds comme la plume du Simplet, ce point fixe, cette question qui me ramenait au centre, à mon centre, à moi-même sur mon chemin: "Quel est mon désir ?"
Mon amie ne raccrochait pas
avant que j'ai trouvé chaque matin ce qui tout le jour me nourrirait, me tiendrait debout et vivante au milieu des décombres de mon existence, animée de ce carburant indispensable et volatil: le désir. De quoi j'avais envie, ce qui me ferait plaisir, à moi, à moi seule, égoïstement: une promenade sur la plage au crépuscule? Un thé avec des scones et du beurre salé ? Un beau conte de fée ? Une bouillabaisse ? Un tour dans les colines que les cistes sauvages fardaient de rose en cette saison ? Un feuilleton romantique ? Un livre nouveau ?
Ce que je désirais alors
profondément n'avait rien à voir avec le raisonnable ou l'urgent que tous les miens et mon propre bon sens me conseillaient. Ce désir, désir de vivre et d'être ce que je suis en réalité, je suis allé le cherché si loin en moi jour après jour, dans le royaume souterrain de mon inconscient, par la grâce de cette petite question, que ce que m'a donné la Reine des Grenouille me nourrit encore, des années après. Grâce à son cadeau, j'ai hérité tout un royaume : contes, mythes, images immémoriales, joyaux de l'âme humaine, trésors de la psyché gisants dans la poussière des siècles, nourritures des êtres et de tout ce qui veut vivre, recettes de sages qui cuisinent les mots et font lever la pâte de l'avenir...Toute ma vie d'aujourd'hui...
Merci à la Reine des Grenouille !
Merci Lou! Le conte et la vie, l'universel et l'intime: mes 4 points cardinaux on dirait ! Merci!
Rédigé par : caroleperle | 02/04/2012 à 11h24
Merci à vous de partager ainsi l'universel et l'intime, le conte et(qui est) la vie!
Rédigé par : lou | 02/04/2012 à 10h00