Regard:
Paris de mon désamour !
Oh! comme j'apprécie d'être hors de Paris, enfin, pour quelques jours!
Paris est devenue en quelques années, une ville impossible. C'est la première fois que je m'avoue n'avoir plus aucun plaisir à y vivre. C'est comme un être cher mais si ombrageux et brutal qu'aucun sentiment ne peut résister à l'usure de sa fréquentation quotidienne.
Paris est toujours belle, mais hurlante et asphyxiante, encombrées, poussiéreuse, grouillante de créatures sans regard et toujours plus pressées, enlaidie de barrières et de palissades qui protègent des chantiers inexplicablement abandonnés pendant des mois.
C'est une ville de l'absurde. Il suffit de mettre le nez dehors pour y être confronté à chaque pas. Absurdité du bruit inutile des sirènes, du fracas apocalyptique des bènes à verres! Absurdité de l'agitation trépidante, partout.
Absurdité des fumeurs, tètant avidement sur les seuils des immeubles, leur cigarette par laquelle ils s'assurent le privilège d'un air encore plus vicié que celui de tout le monde!
Absurdité du prix des choses dans cette ville: 6€ les deux cafés, de 3 à 7€ pour un sachet de mauvais thé tiède, fait avec l'eau chlorée du robinet. Je pense à Virginia Wolf (ou était-ce Edith Warton?) qui pour décrire en peu de mots un homme pauvre et esseulé disait:" Il avait l'air d'un homme qui boit souvent un thé dont l'eau n'a pas bouilli !" Pauvres et esseulés nous sommes tous!
C'est une ville où les mots ne visent plus à nommer mais à tromper: un "jus de fruits frais" n'a de frais que sa température; "une orange pressée" est effectivement UNE unique orange, pressée on ne sais toujours quand, vendue sur beaucoup de glaçons dans son verre étroit, le prix de plusieurs kilos d'oranges.
Moi qui adorais "manger dehors" à Paris, je trouve la nourriture servie partout odieusement chère, et la plupart du temps morte et insipide.
C'est une ville où un enfant dont la famille déménage n'est plus assuré de trouver une place au collège. Mon fils à attendu 15 jours après la rentrée son affectation, comme des centaines d'écoliers parisiens, sans que quiconque ait jugé utile de s' excuser auprès de lui ou de sa famille de cet inquiétant dysfonctionnement.
Les gens sont tristes et inquiets, l'ambiance agressive sur les quais bondés des métros. Les magasins de vêtements sont absurdement nombreux, mais le choix, immense, est paradoxalement pauvre car les mêmes grandes enseignes jalonnent boulevards et avenues à intervalles réguliers.
Paris, je ne t'aime plus, comme chantait déjà Léo Ferré. Pire je ne te désire plus! Je n'ai plus envie de tes plaisirs tarifés, je n'ai plus envie de tes mirifiques expositions qu'on ne peut admirer, dans la cohue de la "foule culturelle", qu'au prix d'heures d'attente. Ni de tes spectacle merveilleux que je suis trop épuisée pour aller voir.
Je ne sais quand je vais pouvoir te quitter, mais déjà, le deuil se fait en moi d'un amour de jeunesse auquel j'étais pourtant restée fidèle.
Il y a un savoureux parallèle avec le post précédent du voyage des héros…
Là sont les véritables héros, ceux qui voient, anticipent et fuient les mirages quand d'autres les regardent, s'en contentent et se lamentent ad vitam eternam…
Rédigé par : midnight | 25/10/2011 à 09h11
Lâcher P(a)ris(e), le monde prend soin de toi,
Ne plus croire en l'illusion que la diversité grégaire fait naître et qui construit en nous d'une protection moite et gluante.
Vers quel horizon, désormais, tes yeux te portent ? Quel voyage imagines-tu, toi, l'absente, qui regarde par dessus mon épaule ?
Je sens poindre en toi le désir et la tentation de la voie blanche.
Et "les vents souffleront sans me causer de peur", écrivait Pierre Boudot.
Rédigé par : Frédéric | 22/10/2011 à 11h12